- GAMONES
- GAMONESGAMONESLe terme «gamones» recouvrait, dans l’esprit de Hartmann qui l’a créé (1939), la notion d’hormones des gamètes. On distinguait, d’une part, les androgamones (hormones des gamètes mâles): A I qui inhibe l’activité des gamètes mâles, A II qui neutralise G II, et A III («lysine spermatique»); d’autre part, les gynogamones (hormones des gamètes femelles): G I qui active et oriente les mouvements flagellaires des gamètes mâles isospécifiques, et G II de la gangue ovulaire qui produit l’agglutination soit «spontanément» réversible des gamètes mâles isospécifiques, soit irréversible des gamètes mâles hétérospécifiques. Par abus de notation, on assimile aux gamones les phéromones sexuelles des insectes. En revanche, les substances qui, libérées dans l’eau de mer, provoquent la ponte des congénères voisins sont des gamones. Le système gamonal existe, plus ou moins complet, chez les halophytes, les ascidiens, les annélides, les échinodermes, les mollusques, les cyclostomes, les poissons, voire chez les amphibiens. En outre, il y aurait dans le tractus génital femelle de tous les mammifères une ou plusieurs substances parachevant la maturation et favorisant la migration utérine vers l’ovule des spermatozoïdes inséminés (capacitation). Les gamones seraient en quelque sorte des exohormones (pour G I et G II au moins), des marqueurs de piste pour l’accomplissement de l’acte génétique sexuel, donc des substances possédant une spécificité génitrice précédant les spécificités ovospermatiques de compatibilité cytoplasmique puis nucléaire (amphimixie). Si leur distribution était totale et si leur activité était univoque dans les règnes animal et végétal, leur importance serait primordiale en tant que vecteurs informationnels phylétiques et ontogéniques.S’inspirant des conceptions d’Ehrlich sur les molécules d’union à double polarité fonctionnelle et structurelle (sorte d’allostérie), F. R. Lillie voyait dans le complexe G I + G II (nommé fertilisine ) un système indispensable à la fécondation, ce qui l’est sans doute dans le cas des néréis mais probablement pas dans celui des oursins. En effet, d’une part la pénétration du spermatozoïde fécondant dans l’ovule s’effectue à l’aide d’une substance chimique lytique (J. Loeb); d’autre part cette activité lytique paraît supportée par l’acrosome: acrosomine chez certains spermatozoïdes de mammifères (Allison, 1967); protéinase acrosomale chez les spermatozoïdes de lapin (Stambaugh et al., 1969-1973). Comme, par ailleurs, les spermatozoïdes désagglutinés d’oursins ont perdu une sécrétion acrosomale, ils doivent avoir également perdu leur pouvoir de pénétration intraovulaire (ce qui n’est pas le cas lors de la capacitation des spermatozoïdes de lapin). En effet, on a observé que la fertilisine, au moins celle d’oursins, fait perdre son pouvoir fécondant au sperme isospécifique; que les ovules mûrs d’oursins dont on a retiré la gangue muqueuse (donc G I + G II) sont plus fécondables que des ovules munis de leur gangue. En outre, le gradient incrémentiel de G I (+ G II) vers la gangue ovulaire, particulièrement net avec des suspensions spermatiques diluées, et qui est lié au principe du travail maximal de Berthelot, rend compte du chimiotactisme positif. On peut toutefois noter que, dans une frayère d’oursins où des milliers d’ovules et des millions de spermatozoïdes sont libérés dans un espace restreint, ce gradient pourrait ne pas intervenir tellement: en somme, ce serait un spermatozoïde échappant à l’action de la fertilisine qui serait fécondant.De toute façon, les gamones, qui n’ont pas toutes des caractéristiques hormonales mais dont certaines présentent des propriétés de sites actifs chimiquement définis pour des molécules de type hormonal (au moins pour G II), ont une implication probable dans le grave problème stérilité-fertilité.
Encyclopédie Universelle. 2012.